Date de sortie : 24.10.2025
Label : Terre Ferme

 

1 - Au Royaume des songes 05:51
2 - Naufragée des nuages 04:27
3 - Fjara (Solstafir cover) 06:30
4 - La chute 05:19
5 - Arcipelago 06:54
6 - Land's End (feat. Sam Pillay) 05:58
7 - Que l'éclat fasse demeure 07:35

PËRL :
Aline Boussaroque (chant/guitare/machines/textes)
Bastien Venzac (basse)
Thibault Delafosse (batterie, percussions)
Chris Kilin (guitare live)


Additionnal guitar in Arcipelago written and played by Chris Kilin
Additionnal saxophone on Fjara written and played by Yannick
Additionnal singing on Land's End by Sam Pillay
All lyrics by Aline Boussaroque, except on Land's End by Aline Boussaroque and Sam Pillay

 

Architecture du Vertige (Album Pre-order)
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Certains disques vous saisissent dès leur premier souffle et ne vous relâchent plus. Architecture du Vertige, quatrième album de Përl, appartient à cette catégorie rare d'œuvres qui transforment l'écoute en expérience sensorielle totale. Depuis près de deux décennies, le quatuor parisien explore les territoires dans lesquels se rencontrent le post-metal atmosphérique et une certaine forme expérimentale. Avec ce nouvel opus sorti le 24 octobre 2025 chez Terre Ferme, Vlad et InOuïe Distribution, le groupe vous propose une véritable pièce de théâtre, dans laquelle la maîtrise technique rencontre une vulnérabilité assumée, où la noirceur devient paradoxalement lumineuse.

Dès l'ouverture avec « Au Royaume des Songes », le décor s'installe : un équilibre fragile entre douceur et violence. Une clochette solitaire perce par intermittence avec les guitares qui surgissent comme une marée montante. Ce contraste devient la signature de l'album, un dialogue permanent entre apesanteur et gravité. « Naufragée des Nuages » amplifie cette tension : la basse déploie des fondations massives sur lesquelles se construit un édifice sonore tour à tour hurlé et parlé. Les transitions ne cherchent pas la fluidité conventionnelle ; elles épousent plutôt la logique du vertige, ces moments de bascule où le sol se dérobe.

La dimension théâtrale de Architecture du Vertige s'affirme pleinement dans sa capacité à créer des tableaux sonores autonomes. Chaque morceau fonctionne comme une scène aux éclairages changeants, aux décors mouvants. La reprise de « Fjara » de Sólstafir constitue l'acte central de ce drame musical : le groupe s'approprie cette complainte nordique en y greffant un saxophone aux accents mélancoliques et une lecture poétique. Cette adaptation, en français, vous emmène un peu plus loin sur le chemin que vous propose Përl d’explorer. « Arcipelago » prolonge cette approche cinématographique avec ses nappes hypnotiques qui évoquent des espaces mentaux plutôt que des lieux physiques.

Le chant d'Aline Boussaroque constitue le fil conducteur de cette pièce sonore. Sa voix donne vie aux compositions : elle les habite, les traverse, parfois les déchire. Entre murmures intimes, spoken word et déflagrations saturées, elle incarne cette chute perpétuelle évoquée par le titre de l'album. Sur « Land's End », en duo avec Sam Pillay de Point Mort, le passage du français à l'anglais crée une étrangeté supplémentaire, comme si deux consciences dialoguaient dans le vide. Les textes cultivent une poésie de l'effondrement (âmes insomniaques, rêves assassinés, archipels intérieurs) sans jamais sombrer dans le pathos ou le cliché facile.

La production d'Etienne Sarthou et le mastering de Magnus Lindberg de Cult of Luna servent magistralement cette ambition théâtrale. Le son possède cette qualité immersive qui vous place au cœur d'un espace sonore tridimensionnel. Les instruments respirent, les saturations mordent, les silences pèsent autant que les déferlements. « Que l'Éclat Fasse Demeure » exploite cette palette dynamique jusqu'au paroxysme : l'accélération finale vous propulse vers une résolution qui n'en est pas vraiment une, laissant planer l'incertitude.

Architecture du Vertige s'impose comme une œuvre forte où Përl exprime pleinement une vision artistique aboutie.

 

Xavier