Date de sortie : 24.10.2025
Label : BMG


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Lorsqu'un artiste décide d'épurer son identité artistique en abandonnant toute référence patronymique, le geste est fort. En devenant simplement MAMMOTH, Wolfgang Van Halen franchit un seuil symbolique : celui de l'autonomie totale. Avec The End, troisième opus enregistré dans l'intimité du studio 5150 et façonné aux côtés du producteur Michael "Elvis" Baskette, le musicien livre un album rock de dix titres concentrés en 39 minutes. Aucun superflu, aucune complaisance : un son qui refuse les compromis et s’embrase à chaque riff avec une intensité exceptionnelle.

L'album débute par une déflagration immédiate. "One of a Kind" impose d'emblée sa loi : un riff massif qui s'enroule autour d'un solo fulgurant, dessinant son territoire sonore avec une autorité indiscutable.
Le morceau-titre "The End" poursuit l'offensive avec une introduction supersonique où la tension s'accumule avant l'explosion finale. L'apocalypse n'a jamais été aussi réjouissante. La basse gronde comme un séisme tandis que la batterie pulse avec un tempo hypnotique qui vous cloue sur place.

"Same Old Song" introduit une complexité bienvenue dans ce déferlement d'énergie. Des notes de piano fantomatiques surgissent en arrière-plan, créant un contraste saisissant avec la lourdeur des guitares. Le morceau oscille entre violence stoner et moments aériens, comme si deux forces antagonistes luttaient pour la domination. Cette tension magnifique révèle toute la sophistication de l'écriture de MAMMOTH.

Avec "The Spell", l'album atteint un sommet de densité rock. Taillé pour la scène, ce titre déploie un arsenal de riffs dévastateurs soutenus par une production massive qui transforme chaque accord en déflagration. En live, ce morceau promet de faire saigner les amplis.

"I Really Wanna" change de registre avec son strumming syncopé et ses montées vertigineuses. Le solo s'étire, interminable, vous laissant essoufflé mais euphorique, comme au sommet d'une montagne russe émotionnelle. C'est du rock-plaisir dans ce qu'il a de plus addictif.

La surprise vient de "Happy", qui démarre sur une intro presque folk avant de basculer dans un grunge électrique aux accents pop-metal. Ce crossover audacieux démontre la capacité de MAMMOTH à fusionner les influences sans perdre sa cohérence. La palette sonore s'élargit sans se diluer.

"Better Off" file droit au but avec une efficacité redoutable. La montée de pression avant le solo est calculée au millimètre. Pas de fioritures inutiles, juste une mécanique de précision au service de l'intensité sonore du rock de MAMMOTH.

"Something New" joue sur les contrastes avec une voix qui apparaît et disparaît derrière le mur de guitares, créant la surprise. Compressé et bondissant, le titre vous fait littéralement sauter sur place.

"Selfish", décrit par le musicien lui-même comme l'un de ses morceaux les plus rageurs, accélère encore la cadence. Riffs appuyés, vélocité sans limite : c'est du métal énervé qui fonce tête baissée dans le chaos.

L'album se termine avec "All in Good Time", une respiration lumineuse après la tempête. Chaleureux et apaisant, ce final offre une lueur d'espoir nécessaire, concluant le cycle émotionnel sur une note presque sereine qui contraste magnifiquement avec la fureur précédente.

La particularité de The End réside dans son processus créatif : MAMMOTH compose, joue et chante chaque note en studio. Cette autonomie totale transparaît dans la cohésion de l'œuvre. La voix de Wolfgang Van Halen constitue un instrument à part entière, capable de passer de la vulnérabilité touchante à la rage cinglante. Sur "The Spell", elle se fait douce et envoûtante avant de cracher son venin sur "Selfish".

Les paroles explorent l'anxiété contemporaine, ce sentiment d'urgence face à un monde au bord du précipice. Pourtant, il ne s'agit jamais de pessimisme gratuit. Les thèmes d'identité perdue, de ruptures salvatrices et d'addictions sont abordés avec une sincérité brute qui touche parce qu'elle semble vécue. Wolfgang Van Halen ne cherche plus à prouver quoi que ce soit, il se concentre simplement sur ce qu'il sait faire de mieux.

La production de Michael Baskette mérite une mention spéciale. Elle restitue une puissance frontale impressionnante sans jamais étouffer les nuances. Le mixage moderne et soigné équilibre parfaitement les guitares omniprésentes avec des nappes subtiles qui ajoutent du relief. Chaque détail compte.

MAMMOTH n'est plus un projet solo, c'est une entité à part entière.

Les influences sont palpables, avec une touche de Rush ici, un esprit grunge rappelant Nirvana là, des riffs massifs évoquant Foo Fighters ou Alter Bridge. Mais jamais l'album ne sonne comme un exercice rétro. Il ancre un classicisme assumé dans une modernité sonore qui le place parmi les propositions les plus convaincantes du rock actuel. MAMMOTH perpétue la flamme du rock à gros riffs et y ajoute son énergie moderne.

The End possède cette rare qualité des albums qui vous happent dès la première écoute et révèlent de nouvelles facettes à chaque réécoute. Captivant de bout en bout, il conjugue variété des ambiances, maîtrise technique et sincérité dans l’exécution.

MAMMOTH ne triche pas : il cogne avec authenticité. Cette honnêteté brutale fait l'effet d'une bouffée d'air frais. Wolfgang Van Halen est devenu l'un de nos artistes favoris parmi les artisans du rock moderne.

The End est le début fracassant d'un nouveau chapitre où MAMMOTH impose sa marque avec une assurance. À écouter sans attente, volume au maximum, pour ressentir pleinement cette déflagration salvatrice.

 

Xavier